Toutes blessent la dernière tue

Maman disait de moi que j'étais un ange. Un ange tombé du ciel. Mais les anges qui tombent ne se relèvent jamais... Je connais l’enfer dans ses moindres recoins. Je pourrais le dessiner les yeux fermés. Je pourrais en parler pendant des heures. Si seulement j’avais quelqu’un à qui parler… Tama est une esclave. Elle n’a quasiment connu que la servitude. Prisonnière de bourreaux qui ignorent la pitié, elle sait pourtant rêver, aimer, espérer. Une rencontre va peut-être changer son destin… Frapper, toujours plus fort. Les détruire, les uns après les autres. Les tuer tous, jusqu’au dernier. Gabriel est un homme qui vit à l’écart du monde, avec pour seule compagnie ses démons et ses profondes meurtrissures. Un homme dangereux. Un matin, il découvre une inconnue qui a trouvé refuge chez lui. Une jeune femme blessée et amnésique. Qui est-elle ? D’où vient-elle ? Rappelle-toi qui tu es. Rappelle-toi, vite ! Parce que bientôt, tu seras morte.

Merci à Belfond pour l'envoi de ce livre et merci à Karine Giebel pour la gentille dédicace!

Mon avis:

Encore un livre coup de poing!

Comment sincèrement rester insensible face à la détresse de Tama?

L'histoire:

Attention âmes sensibles s'abstenir!

L'histoire de Tama est un drame. Elle va subir toute sa vie durant un nombre incalculable d'offense, d'humiliation et de violence. Alors si vous êtes sensible à tout cela, je vous déconseille absolument ce livre. Parce qu'il est dur et certaines scènes sont à la limite du soutenable.

Nous suivons dans ce livre deux personnages. Une jeune fille, Tama et un homme Gabriel. Les chapitres s'alternent plus ou moins entre ces deux protagonistes.

Le thème principal est l'esclavage moderne. Nous suivons Tama qui vient d'être vendu par son père et qui débarque en France pour servir de "bonniche" à une famille aisée.

Tama a 8/9 ans...

On y parle aussi de vengeance et de la manière (bonne ou mauvaise) de prendre sa revanche, grâce en particulier au personnage de Gabriel. D'autres thèmes sont aussi abordés dont celui de la maltraitance et comment une victime peut devenir bourreau (incarné par le personnage d'Izri).

Les 220 premières pages sont vraiment dures. On voit Tama et ses conditions de vie très spartiates. Traitée encore moins bien qu'un chien, cette gamine va subir la violence de la famille dans laquelle elle est placée. Si on voit se profiler des choses bien plus dures, c'est le personnage de Medja qui nous dégoutte le plus (quoique Greg se pose là en terme de bourreau).

Au bout d'un moment, j'ai eu une sensation de trop plein. Cette surenchère dans la violence m'a laissé un goût amer. J'ai vraiment espéré que cela cesse car ça devenait trop pour moi.

Difficile pour moi de vous dire que la violence ou les autres sévices vécus par Tama s'arrêtent au-delà de ces 200 premières pages car son calvaire n'est pas terminé. Ce livre est profondément sombre car même quand on croit (comme Tama) apercevoir une lumière au bout du couloir... elle n'est que temporaire, et vient toujours après, les coups et la douleur.

Je ne sais pas si on peut appeler cela un twist, mais l'auteure semble nous faire croire à quelque chose durant toute la première moitié du livre pour finalement nous détromper. Ceux qui auront lu le livre devrait comprendre de quoi je parle. Pour les lecteurs potentiels, loin de moi l'idée de vous mettre sur la voie. Laissez-vous piéger, ça n'en sera que meilleur!

Les personnages:

Les deux personnages sont autant intéressants l'un que l'autre. Je vous parle beaucoup de Tama mais l'histoire de Gabriel est elle-aussi choquante; et soulève des questions, parmi celle de la moralité.

Tama vit des choses affreuses, mais se raccroche toujours à un espoir. Cette gamine a vécut plus d'épreuves en quelques années que beaucoup de personnes en toute une vie. Pourtant elle occulte toutes ses mauvaises expériences pour se donner une chance d'être heureuse. Mais est-ce vraiment possible?

Tama est docile? rebelle? Victime? actrice? Passive? Courageuse? Contrainte? Naïve? ? Peut-on dire qu'elle est tout ça à la fois et bien plus?

Gabriel est un personnage que j'ai apprécié malgré sa mission et sa santé mentale éprouvée. J'arrive à me mettre à la place de cet homme qui a tout perdu. Si je ne cautionne pas ses actes, je peux néanmoins en comprendre les fondements.

Le style:

Là où Karine Giebel possède un vrai talent, c'est cette addiction que l'on ressent. Malgré l'horreur, on tourne les pages à vitesse grand V. Les chapitres sont courts et cela donne un rythme effréné à la lecture.

Même si toutes les horreurs vécues par Tama semblent exagérées et romancées à l’extrême, je vous invite à jeter un œil à ce site : http://www.oicem.org/temoignages/

L'esclavage moderne est bien réelle et il ne faut pas fermer les yeux!

En résumé, cette lecture est choquante, violente mais terriblement addictive. Je me sens presque mal de l'avoir autant aimé.

17/20