L'enfant d'Oradour
« Mais je ne suis pas un héros. Je n’ai pas choisi d’être le gosse orphelin de Charly ni le petit rouquin rescapé d’Oradour-sur-Glane, comme on m’appelait là-bas ! Je préférerais que personne ne me connaisse ni à Limoges ni ici mais que mes parents, mes sœurs et mon petit frère soient encore vivants. Depuis un an, je pense à eux tous les jours, tout le temps. Et tu sais pourquoi ? Parce que je ne veux pas oublier tous les bons moments avant ce maudit samedi. » Originaires de Moselle, Roger et sa famille ont été contraints de fuir leur région et de se réfugier à Oradour-sur-Glane où ils mènent une vie heureuse. Jusqu’au 10 juin 1944, jour où des soldats nazis allemands encerclent le village.
Un grand merci à scrineo pour l'envoi de ce livre. Mon avis:
C'est avec une certaine appréhension que je me suis lancée dans la lecture de ce livre. Basé sur des faits réels et connaissant déjà l'histoire particulière de ce village de Haute-Vienne, j'ai redouté le trop plein d’émotions... Ce fut le cas mais l'auteur a bien réussi son pari auprès du jeune public. C'est touchant mais pas tire-larmes. On prend conscience sans assister réellement.
J'ai étudié les événements de ce village lors de mes études. J'avais été profondément marqué par ce pan de notre histoire. C'est pourquoi je savais que cette lecture allait être probablement intense.
Nous suivons Roger et sa famille, obligés de quitter leur maison de Lorraine pour déménager à Oradour-sur-Glane à des centaines de kilomètres de leur vrai foyer; La faute aux nazis qui s'approprient les biens du peuple conquis sans états-d’âme.
On suit leur expropriation et leur installation, leur acclimatation et leur quotidien... jusqu'à ce jour fatidique du 10 juin 1944.
L'auteur a pris le parti de nous conter l'histoire de Roger, le seul enfant survivant de ce village. Avec une certaine distance (la narration n'est pas à la première personne du singulier, ce "je" qui peut nous faire vivre les événements par les yeux du protagoniste), nous voyons les décisions de ce jeune garçon. Décisions qui vont lui sauver la vie.
Nous ne sommes pas réellement au cœur de cette terrible journée. Ainsi nous ne voyons pas les atrocités commises. Roger décide de fuir et nous sommes alors étranger et en dehors de la folie nazie. Sur sa route, il va y avoir des embûches mais l'auteur nous garde à distance de l'horreur véritable.
J'ai trouvé ce livre intelligent. Il permet d'aborder cet événement avec une grande distance. Il amène le dialogue. Même si l'enfant qui lira ce livre ne pourra pas ignorer les conséquences de cette horrible journée, on le préserve en n'assistant pas aux tueries perpétrées... Tout comme Roger il prendra conscience des événements grâce aux témoignages d'autres survivants ou aux dires des personnes qui sont allées sur place par la suite. Grâce à un dossier documentaire très complet en fin de ce roman, on nous détaille les faits tels qu'ils se sont produits. C'est brut et journalistique. C'est à ce moment là que les larmes peuvent monter aux yeux! La prise de conscience est instantanée.
Si on ne peut comprendre de tels actes, c'est un devoir de mémoire de ne jamais les occulter. Même si ça fait mal encore aujourd'hui, il ne faut pas oublier que cela s'est produit. La nouvelle génération ne doit rien ignorer de son passé. Car c'est en étudiant le passé qu'on évitera que cela se reproduise. L'histoire d'Oradour-sur-Glane est une tragédie. On cherche toujours à préserver ses enfants de l'horreur du quotidien. On évite le journal TV, on ne parle pas des faits violents... Sauf que les ignorer ne les font pas disparaître...
Grâce à ce livre, je sais à présent comment j'arriverais à en parler un jour à ma fille...
17/20